Titre : |
Soname, ou la bonne fortune : Une enfance tibétaine |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Somane YANGCHEN, Auteur ; Vicki MACKENZIE, Auteur ; Armand de SAINT SAUVEUR, Traducteur |
Editeur : |
Lyon : La Loupe |
Année de publication : |
2009 |
Importance : |
333 p. |
Présentation : |
couv.ill. |
Format : |
22 cm |
ISBN/ISSN/EAN : |
978-2-84868-288-4 |
Prix : |
20.30 € |
Langues : |
Français (fre) Langues originales : Anglais (eng) |
Index. décimale : |
820-94 Mémoires, journaux intimes traduits de la langue anglaise. |
Résumé : |
Je suis née alors que ma mère était en train de traire les vaches dans une étable balayée par les vents, dans la région rurale de Yarlung, en plein centre du Tibet. Une heure plus tard, la vache elle-même mit bas. La coïncidence passa pour un bon auspice et on me donna les noms de Soname, c'est-à-dire «bonne fortune», puisque j'avais le choix entre le lait de ma mère et celui de la vache, et de Yangchen, qui signifie «mélodie», parce qu'on était en pleine saison des festivals et que tout le monde chantait. Mis bout à bout, ces noms n'en firent plus qu'un seul, et on m'appela Soname Yangchen pendant toute mon enfance. Ma naissance eut sans doute lieu au printemps 1973, bien que personne n'en soit absolument certain. Si l'Occident accorde une grande importance à l'âge, nous, les Tibétains, ne sommes guère portés sur les anniversaires. Quand je suis née, les certificats de naissance n'existaient même pas. On vieillissait tous d'un an à chaque Nouvel An, tout simplement.
En dépit de mon nom de bon augure, je n'aurais pas pu naître en des temps plus calamiteux. En 1973, le Tibet était en pleine Révolution Culturelle ; l'Armée de Libération du Peuple Chinois était occupée à mettre à bas notre culture bouddhiste si singulière et à nous faire «l'offrande» du communisme. Je sortis des entrailles maternelles à l'époque la plus turbulente, la plus tragique de l'histoire du Tibet. Les Chinois, stimulés par le zèle révolutionnaire de Mao Zedong, avaient envahi le pays en 1950 pour nous débarrasser, disaient-ils, du «poison qu'était la religion» et de nos «coutumes féodales arriérées.» Le processus avait commencé assez doucement, mais, à l'époque où je vins au monde, il avait pris de la vitesse : les Chinois démolissaient nos plus anciens monastères, transformaient nos manuscrits bouddhistes les plus sacrés en papier toilette, et s'acharnaient contre nos coutumes rituelles en condamnant aux travaux forcés, à l'emprisonnement, à la torture et à l'exécution plusieurs milliers de moines, de nonnes, et tous ceux qui s'interposaient devant de tels desseins. La peur et la terreur envahissaient chaque recoin de ma terre natale. |
Soname, ou la bonne fortune : Une enfance tibétaine [texte imprimé] / Somane YANGCHEN, Auteur ; Vicki MACKENZIE, Auteur ; Armand de SAINT SAUVEUR, Traducteur . - Lyon : La Loupe, 2009 . - 333 p. : couv.ill. ; 22 cm. ISBN : 978-2-84868-288-4 : 20.30 € Langues : Français ( fre) Langues originales : Anglais ( eng)
Index. décimale : |
820-94 Mémoires, journaux intimes traduits de la langue anglaise. |
Résumé : |
Je suis née alors que ma mère était en train de traire les vaches dans une étable balayée par les vents, dans la région rurale de Yarlung, en plein centre du Tibet. Une heure plus tard, la vache elle-même mit bas. La coïncidence passa pour un bon auspice et on me donna les noms de Soname, c'est-à-dire «bonne fortune», puisque j'avais le choix entre le lait de ma mère et celui de la vache, et de Yangchen, qui signifie «mélodie», parce qu'on était en pleine saison des festivals et que tout le monde chantait. Mis bout à bout, ces noms n'en firent plus qu'un seul, et on m'appela Soname Yangchen pendant toute mon enfance. Ma naissance eut sans doute lieu au printemps 1973, bien que personne n'en soit absolument certain. Si l'Occident accorde une grande importance à l'âge, nous, les Tibétains, ne sommes guère portés sur les anniversaires. Quand je suis née, les certificats de naissance n'existaient même pas. On vieillissait tous d'un an à chaque Nouvel An, tout simplement.
En dépit de mon nom de bon augure, je n'aurais pas pu naître en des temps plus calamiteux. En 1973, le Tibet était en pleine Révolution Culturelle ; l'Armée de Libération du Peuple Chinois était occupée à mettre à bas notre culture bouddhiste si singulière et à nous faire «l'offrande» du communisme. Je sortis des entrailles maternelles à l'époque la plus turbulente, la plus tragique de l'histoire du Tibet. Les Chinois, stimulés par le zèle révolutionnaire de Mao Zedong, avaient envahi le pays en 1950 pour nous débarrasser, disaient-ils, du «poison qu'était la religion» et de nos «coutumes féodales arriérées.» Le processus avait commencé assez doucement, mais, à l'époque où je vins au monde, il avait pris de la vitesse : les Chinois démolissaient nos plus anciens monastères, transformaient nos manuscrits bouddhistes les plus sacrés en papier toilette, et s'acharnaient contre nos coutumes rituelles en condamnant aux travaux forcés, à l'emprisonnement, à la torture et à l'exécution plusieurs milliers de moines, de nonnes, et tous ceux qui s'interposaient devant de tels desseins. La peur et la terreur envahissaient chaque recoin de ma terre natale. |
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