Titre de série : |
Vernon Subutex, 2 |
Titre : |
Vernon Subutex |
Type de document : |
enregistrement sonore non musical |
Auteurs : |
Virginie DESPENTES (1969-....), Auteur ; Jacques FRANTZ (1947-....), Interprète |
Editeur : |
Paris : Audiolib |
Année de publication : |
2016 |
Importance : |
1 CD MP3; durée 10h59 min |
Présentation : |
couv. ill. |
Format : |
19 cm |
ISBN/ISSN/EAN : |
978-2-36762-100-5 |
Prix : |
26.25 € |
Langues : |
Français (fre) |
Index. décimale : |
840-3 Roman de langue française |
Résumé : |
Vernon attend qu'il fasse nuit et qu'autour de lui toutes les fenêtres se soient éteintes pour escalader les grilles et s'aventurer au fond du jardin communautaire. Le pouce de sa main gauche le lance, il ne se souvient plus comment il s'est fait cette petite écorchure, mais au Heu de cicatriser, elle gonfle, et il est étonné qu'une blessure aussi anodine puisse le faire souffrir à ce point. Il traverse le terrain en pente, longe les vignes en suivant un chemin étroit. E fait attention à ne rien déranger. Il ne veut pas faire de bruit, ni qu'on détecte sa présence au matin. Il atteint le robinet et boit avec avidité. Puis il se penche et passe sa nuque sous l'eau. Il frotte vigoureusement son visage et soulage son doigt blessé en le laissant longuement sous le jet glacé. Il a profité, la veille, de ce qu'il faisait assez chaud pour entreprendre une toilette plus poussée, mais ses vêtements empestent tant qu'après les avoir remis, il se sentait encore plus sale qu'avant de se laver.
Il se redresse et s'étire. Son corps est pesant. Il pense à un vrai lit. A prendre un bain chaud. Mais rien n'accroche. Il s'en fout. Il n'est habité que par une sensation de vide absolu, qui devrait le terrifier, il en est conscient, ce n'est pas le moment de se sentir bien, cependant rien ne l'occupe qu'un calme silencieux et plat. Il a été très malade. A présent la fièvre est retombée et il a retrouvé depuis plusieurs jours assez de force pour se tenir debout. Son esprit est affaibli. Ça reviendra, l'angoisse, ça reviendra bien assez tôt, se dit-il. Pour l'instant, rien ne le touche. Il est suspendu, comme cet étrange quartier dans lequel il a échoué. La butte Bergeyre est un plateau de quelques rues, auquel on accède par des escaliers, on y croise rarement une voiture, il n'y a ni feu rouge, ni magasin. Rien que des chats, en abondance. Vernon observe le Sacré-Coeur, en face, qui semble planer au-dessus de Paris. La pleine lune baigne la ville d'une lueur spectrale.
Il débloque. Il a des absences. Ce n'est pas désagréable. Parfois, il entreprend de se raisonner : il ne peut pas rester là indéfiniment, c'est un été froid, il va choper une nouvelle crève, il ne doit pas se laisser aller, il faut redescendre en ville, trouver des vêtements propres, faire quelque chose... Mais alors même qu'il tente de renouer avec des idées pragmatiques, ça démarre : il part en vrille. Les nuages ont un son, l'air contre sa peau est plus doux qu'un tissu, la nuit a une odeur, la ville s'adresse à lui et il en déchiffre le murmure qui monte et l'englobe, il s'enroule à l'intérieur et il plane. Il ne sait pas combien de temps cette folie douce l'emporte, à chaque fois. H ne résiste pas. Son cerveau, choqué par les événements de ces dernières semaines, aura décidé d'imiter les montées de stupéfiants qu'il a ingérés, au cours de sa vie antérieure. Ensuite, à chaque fois, c'est un déclic subtil, un réveil lent : il reprend le cours normal de ses pensées. |
Vernon Subutex, 2. Vernon Subutex [enregistrement sonore non musical] / Virginie DESPENTES (1969-....), Auteur ; Jacques FRANTZ (1947-....), Interprète . - Paris : Audiolib, 2016 . - 1 CD MP3; durée 10h59 min : couv. ill. ; 19 cm. ISBN : 978-2-36762-100-5 : 26.25 € Langues : Français ( fre)
Index. décimale : |
840-3 Roman de langue française |
Résumé : |
Vernon attend qu'il fasse nuit et qu'autour de lui toutes les fenêtres se soient éteintes pour escalader les grilles et s'aventurer au fond du jardin communautaire. Le pouce de sa main gauche le lance, il ne se souvient plus comment il s'est fait cette petite écorchure, mais au Heu de cicatriser, elle gonfle, et il est étonné qu'une blessure aussi anodine puisse le faire souffrir à ce point. Il traverse le terrain en pente, longe les vignes en suivant un chemin étroit. E fait attention à ne rien déranger. Il ne veut pas faire de bruit, ni qu'on détecte sa présence au matin. Il atteint le robinet et boit avec avidité. Puis il se penche et passe sa nuque sous l'eau. Il frotte vigoureusement son visage et soulage son doigt blessé en le laissant longuement sous le jet glacé. Il a profité, la veille, de ce qu'il faisait assez chaud pour entreprendre une toilette plus poussée, mais ses vêtements empestent tant qu'après les avoir remis, il se sentait encore plus sale qu'avant de se laver.
Il se redresse et s'étire. Son corps est pesant. Il pense à un vrai lit. A prendre un bain chaud. Mais rien n'accroche. Il s'en fout. Il n'est habité que par une sensation de vide absolu, qui devrait le terrifier, il en est conscient, ce n'est pas le moment de se sentir bien, cependant rien ne l'occupe qu'un calme silencieux et plat. Il a été très malade. A présent la fièvre est retombée et il a retrouvé depuis plusieurs jours assez de force pour se tenir debout. Son esprit est affaibli. Ça reviendra, l'angoisse, ça reviendra bien assez tôt, se dit-il. Pour l'instant, rien ne le touche. Il est suspendu, comme cet étrange quartier dans lequel il a échoué. La butte Bergeyre est un plateau de quelques rues, auquel on accède par des escaliers, on y croise rarement une voiture, il n'y a ni feu rouge, ni magasin. Rien que des chats, en abondance. Vernon observe le Sacré-Coeur, en face, qui semble planer au-dessus de Paris. La pleine lune baigne la ville d'une lueur spectrale.
Il débloque. Il a des absences. Ce n'est pas désagréable. Parfois, il entreprend de se raisonner : il ne peut pas rester là indéfiniment, c'est un été froid, il va choper une nouvelle crève, il ne doit pas se laisser aller, il faut redescendre en ville, trouver des vêtements propres, faire quelque chose... Mais alors même qu'il tente de renouer avec des idées pragmatiques, ça démarre : il part en vrille. Les nuages ont un son, l'air contre sa peau est plus doux qu'un tissu, la nuit a une odeur, la ville s'adresse à lui et il en déchiffre le murmure qui monte et l'englobe, il s'enroule à l'intérieur et il plane. Il ne sait pas combien de temps cette folie douce l'emporte, à chaque fois. H ne résiste pas. Son cerveau, choqué par les événements de ces dernières semaines, aura décidé d'imiter les montées de stupéfiants qu'il a ingérés, au cours de sa vie antérieure. Ensuite, à chaque fois, c'est un déclic subtil, un réveil lent : il reprend le cours normal de ses pensées. |
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