"1789 est une date charnière de notre histoire. Un monde s'écroule, un autre naît. De grands principes voient le jour : liberté, égalité, souveraineté nationale. Un immense espoir envahit le coeur des Français. A un régime absolutiste vieux de plus de dix siècles succède une monarchie constitutionnelle, de courte durée. C'est alors que sonne, au milieu de remous sanglants, l'heure de la république, qui disparaîtra à son tour, confisquée par un soldat heureux. Cette décennie 1789-1799, si importante pour la France moderne, a fait couler des flots d'encre. La grande tempête terminée, les survivants du drame furent nombreux à rédiger leurs souvenirs. Au milieu du XIXe siècle, écrivains et hommes politiques (Lamartine, Michelet, Louis Blanc) magnifièrent la Révolution. Puis d'autres tendances s'affirmèrent. Sous la IIIe République, un Taine attaqua avec talent et virulence les excès jacobins : il fut réfuté avec autant de violence par Aulard et Seignobos. Les affrontements continuèrent. entre un Aulard, admirateur de Danton, et un Mathiez, partisan passionné de Robespierre, les polémiques furent vives. Certains sujets étaient tabous. En janvier 1891,le drame historique "Thermidor", de Victorien Sardou, joué à la Comédie-Française et contenant des tirades enflammées contre la Terreur, provoqua des tumultes. La pièce fut interdite en France. C'est alors que Clemenceau lança à la Chambre l'apostrophe devenue fameuse : "La Révolution est un bloc dont on ne peut rien distraire".(...)" - Extrait de la préface par Pierre Miquel

"1789 est une date charnière de notre histoire. Un monde s'écroule, un autre naît. De grands principes voient le jour : liberté, égalité, souveraineté nationale. Un immense espoir envahit le coeur des Français. A un régime absolutiste vieux de plus de dix siècles succède une monarchie constitutionnelle, de courte durée. C'est alors que sonne, au milieu de remous sanglants, l'heure de la république, qui disparaîtra à son tour, confisquée par un soldat heureux. Cette décennie 1789-1799, si importante pour la France moderne, a fait couler des flots d'encre. La grande tempête terminée, les survivants du drame furent nombreux à rédiger leurs souvenirs. Au milieu du XIXe siècle, écrivains et hommes politiques (Lamartine, Michelet, Louis Blanc) magnifièrent la Révolution. Puis d'autres tendances s'affirmèrent. Sous la IIIe République, un Taine attaqua avec talent et virulence les excès jacobins : il fut réfuté avec autant de violence par Aulard et Seignobos. Les affrontements continuèrent. entre un Aulard, admirateur de Danton, et un Mathiez, partisan passionné de Robespierre, les polémiques furent vives. Certains sujets étaient tabous. En janvier 1891,le drame historique "Thermidor", de Victorien Sardou, joué à la Comédie-Française et contenant des tirades enflammées contre la Terreur, provoqua des tumultes. La pièce fut interdite en France. C'est alors que Clemenceau lança à la Chambre l'apostrophe devenue fameuse : "La Révolution est un bloc dont on ne peut rien distraire".(...)" - Extrait de la préface par Pierre Miquel